Dangers et impostures du marché de l’intelligence
Septembre 2021 : Parution chez Dunod de La fabrique des surdoués.
[Pour une synthèse plus détaillée du livre, c’est par ici…]
Quelques infos :
Présentation de la 4e de couverture :
Les « surdoués » n’ont jamais été testés et « diagnostiqués » aussi nombreux. Toute une littérature de « psychologie spéciale zèbres » explique à ces humains, prétendument différents des autres depuis leur naissance, pourquoi ils sont incompris et malheureux. Leur « haut QI » expliquerait tout, depuis l’échec scolaire jusqu’à la phobie sociale.
L’univers des tests de QI et l’engouement autour des « surdoués », pourraient faire simplement sourire s’ils ne possédaient des travers et conséquences dangereuses. Car derrière l’imposture de la psychométrie et de sa prétention à quantifier scientifiquement l’intelligence, derrière les conseils élitistes, conservateurs et sexistes de la « psychologie-surdoués », apparaît un autre paysage, où dominent les errances de nombreux adultes et les souffrances de très nombreux enfants ainsi affublés d’un diagnostic-étiquette qui provoque surtout, entre eux et les autres (y compris dans leur famille), entre leurs parents et leurs enseignants, malentendus, exigences démesurées et exclusions.
Ce livre nécessaire nous ouvre les yeux sur ce phénomène de société et envisage d’autres chemins pour comprendre et prendre soin des intelligences et sensibilités atypiques ou anormées.
La fabrique des surdoués – Autre présentation synthétique :
Nul ne semble aujourd’hui sidéré par l’intelligence de l’époque. Nul ne semble frappé par l’augmentation soudaine, autour de lui, dans ses cercles professionnels, dans les médias, dans les gouvernements, de la quantité de personnes brillant par leur haut niveau intellectuel.
Et pourtant… Les psychométriciens affirment, chiffres et statistiques à l’appui, que nos populations n’ont jamais été aussi intelligentes. Les « surdoués » – nous reviendrons sur ce masculin – n’ont jamais été « diagnostiqués » aussi nombreux. Les tests de QI ont plus que jamais le vent en poupe, et l’intelligence, que les psychologues ne peuvent définir, n’a pourtant jamais été autant utilisée pour séparer, distinguer, sélectionner. Les enseignants n’ont jamais eu autant (à en croire tests et parents) de jeunes génies dans leurs classes. Les associations de personnes HP (haut potentiel) ou HQI (haut quotient intellectuel) connaissent un succès corrélé à celui de toute une littérature psychologique « spéciale zèbres » censée expliquer à ces étranges cerveaux, à ces humains si différents des autres depuis leur naissance, de quelle manière ils fonctionnent, pourquoi ils sont incompris et malheureux, et comment ils peuvent enfin conquérir le bonheur.
Cet univers du QI, ce monde et cette mode des surdoués, pourraient faire simplement sourire, s’ils ne possédaient des travers et conséquences dangereuses : retour en force de théories pseudo-scientifiques sur de prétendues hiérarchies intellectuelles génétiques (entre peuples, entre hommes et femmes, entre individus de milieux socio-économiques différents) et usage important de la psychométrie et des tests de QI pour naturaliser certaines inégalités sociales. Succès grandissant du « haut potentiel » pour distinguer certains enfants (une majorité de garçons, une majorité de CSP+), les séparer des autres et exiger pour eux écoles et enseignements spéciaux. Pour ces élites intellectuelles, constitution désormais bien avancée d’une « culture surdoués », sorte de psycho-pédagogie fourre-tout (glissant sur la vague de la neuropédagogie et des pédagogies alternatives) proposant aux parents des manières spécifiques d’élever les enfants en fonction de leur chiffre de QI, et aux adultes HP des conseils sur comment ils devraient travailler, aimer, vivre.
Derrière l’imposture de la psychométrie et de sa prétention à quantifier scientifiquement l’intelligence, derrière la psychologie spéciale surdoués, ses succès de librairie et son auto-légitimation, apparaît un autre paysage, où domine la souffrance de très nombreux enfants ainsi affublés d’un diagnostic-étiquette qui provoque surtout, entre eux et les autres (y compris dans leur famille), entre leurs parents et les enseignants, malentendus, exigences démesurées, exclusions ; où dominent les errances de très nombreux adultes, parents, enseignants, personnes « diagnostiquées » HP, qui ont cru que leurs difficultés, ou celles de leurs enfants ou élèves, étaient réductibles à une différence de quantité d’intelligence.
La fabrique des surdoués – présentation – fin.